jeudi 15 décembre 2011

CULTURE / LITTERATURE / MARIMOUTOU

MARIMOUTOU

Nom et prénom : Marimoutou, Jean-Claude Carpanin
Naissance : en 1956, à Saint-Denis de la Réunion
Métier : professeur de littérature à l’université

Pendant son enfance à Saint-Benoît, Jean-Claude Carpanin est victime d’un terrible accident. Cette tragédie qui a failli lui coûter la vie se retrouvera dans son œuvre. Adulte, il part en France, à Montpellier, où il fait des études qui le conduisent à l’agrégation de lettres. Rentré à la Réunion, il intègre l’Université où il occupe, à partir de 1997, un poste de professeur, après la soutenance d’une thèse d’Etat consacrée au roman réunionnais. Intéressé par les problématiques liées à la décolonisation, à l’oppression des minorités, aux luttes de libération nationale dans les pays du tiers-monde ou dans certains territoires français, Marimoutou se consacre à partir de 1978, à des combats politique, culturel et à l’écriture. Critique reconnu ayant préfacé de nombreux catalogues d’exposition, spécialiste incontesté de la littérature réunionnaise, acteur de la vie culturelle et de la création réunionnaises, il contribue, par ses écrits, au succès du groupe Ziskakan. Marimoutou est avant tout un poète et son œuvre est là pour en témoigner. En tant que tel, il explore des voies poétiques nouvelles, comme le montrent ses derniers recueils.

1978 Fazèle

Fazèle est l’anagramme de falaise. Ce recueil est aussi un grand poème d’amour dédié à la femme aimée et au-delà, peut-être à l’île. C’est enfin le constat d’une faillite, d’un monde placé sous le signe de la violence.

souffrances sur un podium
quand d’autres jouent
habillés
les livres prennent la forme de plumes

clochard allongé su le chant des autres
pouritir nou la pa bézoin
bonbon dann simétir
prends tes paquets prends tes paquets
domin gran matin
soley va lévé
groblan nora pi kozman
domin gran matin
soley va pété

maloya de nos enfants
car nous saurons enfin qui chante
non plus du fond de nos cœurs d’esclaves
les arrière-cours sont fermées depuis longtemps
exorcismes exorcismes
appel africain au-dedans de nous
et monte le grand feu
le grand incendie
non pas de nos prières
(nous n’en avons plus depuis longtemps)
de nos révoltes de nos haines
comme sabre sur galet
comme galet sur sabre
de notre amour

explosera tout ce qui doit exploser
germera tout ce qui doit germer
fleurira tout ce qui doit fleurir
en cet été de nos corps
où nous ne croyons plus
qu’en notre propre secours
nous te laissons les paroles lyriques
Mao
l’ étincelle
c’est nous qui la mettrons
et la plaine brûlera
comme si nous nous étions servis de nos cœurs





Jean-Claude Carpanin Marimoutou, Fazèle,
Ed. Chemin de la liberté, 1978,
Réédition K’A pou larg langaz, 2001.

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